Sadhguru présente « Deux causes et quatre conséquences de la dégradation des sols », un aspect crucial de la dégradation de la situation écologique de la planète.

Sommaire
1. Pourquoi devons-nous sauver les sols ?
2. Comment la revitalisation des sols peut-elle protéger l’environnement ?
3. Cinq méthodes de revitalisation des sols
   3. 1 Le taux de matière organique contribue à la bonne santé des sols
   3. 2 L’agroforesterie
   3. 3 La réduction de la consommation de viande
   3. 4 Régime à base de fruits : bon pour vous et pour la planète
   3. 5 La création d’une planète consciente

Pourquoi devons-nous sauver les sols ?

Sadhguru: 88 % des formes de vie sur cette planète (microbes, vers, insectes, oiseaux, animaux, êtres humains, plantes, arbres et toute autre végétation sur cette planète) sont alimentées par le premier mètre de terres cultivables en moyenne. Et ces terres sont gravement menacées aujourd’hui. Ces 40 dernières années, 40 % des terres cultivables ont disparu dans le monde. Selon les Nations unies, il ne nous reste suffisamment de sols que pour 80 à 100 récoltes environ, ce qui représente encore 45 à 60 ans d’agriculture. Ensuite, nous n’aurons plus de sols pour produire de la nourriture. Vous pouvez imaginer les souffrances que nous engendrerons dans le monde. En Inde, 30 % des terres sont déjà dégradées et 90 % des États indiens voient leurs sols se désertifier. Cela veut dire qu’on ne peut plus rien y cultiver. Il est donc de la plus haute importance de protéger les sols pour les futures générations de ce pays.  

Comment la revitalisation des sols peut-elle protéger l’environnement ?

Je faisais un discours devant l’une des agences des Nations unies en Allemagne et on m’a demandé : « Quelles sont les trois choses dont nous avons besoin pour éviter un désastre écologique ? » J’ai répondu : « Ces trois choses sont les sols, les sols et les sols ». C’est un élément négligé, parce qu’il est de bon ton dans les villes de parler de la pollution de l’air. Je ne dis pas que ce n’est pas une préoccupation, mais si on prend les mesures nécessaires pour remédier au problème des sols, ces mesures se chargeront aussi de l’eau. On peut résoudre le problème de la pollution de l’air en peu de temps si nous sommes prêts à sacrifier un peu de notre exubérance économique. Mais si on veut régénérer les sols qui ont été détruits, il faudra 15 à 25 ans en agissant de façon percutante. Si on le fait sans grand intérêt, cela prendra 40 à 50 ans avant que les sols reviennent à un certain niveau. 

Si les sols sont en mauvais état pendant si longtemps, cela signifie que deux ou trois générations connaîtront des conditions de vie terribles. 

Cinq méthodes de revitalisation des sols

soil-revitalization-methods-gif

#1 Le taux de matière organique contribue à la bonne santé des sols

En Inde, les gens cultivent la même terre depuis des milliers de générations. Mais au cours de la dernière génération, la qualité des sols s’est tellement appauvrie qu’ils sont sur le point de se désertifier. Si on veut préserver les sols, il faut y mettre de la matière organique. Mais nos arbres ont tous été abattus et des millions d’animaux sont exportés du pays. Ce ne sont pas des animaux qui partent vers d’autres pays, ce sont nos terres cultivables. Dans une telle situation, comment reconstituer les sols ?

Quand il n’y a pas plus de feuilles ou de déjections animales, il n’y a rien à y réintroduire. C’est un savoir simple que connaissait chaque famille d’agriculteurs. Ils savaient combien d’animaux et d’arbres étaient nécessaires pour telle superficie de terres.

L’Inde affiche une ambition nationale, déjà définie par l’ancienne Commission de planification, consistant à faire en sorte que 33 % de la surface du pays soit sous ombrage, parce que c’est la seule option si l’on veut préserver les sols. Et j’essaie de faire passer une loi qui impose à toute personne détenant un hectare de terre de posséder obligatoirement au moins cinq bovins sur cette terre. Il y a une chose fantastique dans ce pays, une chose pour laquelle nous disposons de données scientifiques, mais pas encore de raisonnement scientifique. Si vous vous rendez à un endroit dans ce pays où les sols sont bons et vous prenez un mètre cube de ces sols, on estime qu’il y a environ 10 000 espèces de vie dans ce mètre cube. C’est la plus forte concentration de vie présente sur cette planète. Nous ne savons pas quelle en est la raison. Ces sols ont donc uniquement besoin d’un peu d’aide. Si on leur donne ce petit coup de pouce, ils se rétabliront vite. Mais notre génération a-t-elle l’intelligence nécessaire pour donner ce petit coup de pouce ou allons-nous juste rester assis à les regarder mourir ? 

Il n’est pas possible de maintenir la richesse des sols avec de l’engrais et un tracteur. Il faut des animaux sur les terres. Depuis les anciens temps, quand on cultivait des céréales, on ne prenait que les céréales, le reste des plantes et les déjections animales étaient toujours enfouis dans les sols. Il semble que nous ayons perdu cette sagesse. 

#2 L’agroforesterie

Le terme de « produit forestier » doit disparaître de notre vocabulaire. Les produits forestiers n’existent pas parce qu’il n’y a plus assez de forêts sur cette planète pour en faire des produits. Cette époque est révolue. On ne pourra plus parler de produits forestiers à l’avenir.

Nous ne pouvons pas créer une nouvelle forêt tropicale, parce que cela demande des millénaires de travail. Mais nous pouvons sans aucun doute créer un couvert végétal, et celui-ci ne peut voir le jour que si nous passons à l’agroforesterie. Et comme une grande partie de la terre est détenue par des agriculteurs, il n’y aura pas d’arbres tant que nous ne rendrons la culture des arbres lucrative pour eux. 

Après des années de travail, les Nations unies reconnaissent clairement aujourd’hui que l’agroforesterie constitue un élément important de la solution. C’est ce que nous préconisons depuis 22 ans maintenant. Et nous avons plus de 107 000 agriculteurs qui se sont lancés dans l’agroforesterie pour prouver que cela marche, tant sur le plan écologique que sur le plan économique.

 

#3 La réduction de la consommation de viande

Près de 77 % des terres, soit environ 40 millions de kilomètres carrés utilisés pour l’agriculture dans le monde, sont consacrés à l’élevage d’animaux et à leur alimentation. Par rapport aux diverses autres solutions disponibles, la consommation de viande est l’un des éléments les plus simples à inverser. En réduisant la consommation de viande de 50 %, ce sont 20 millions de kilomètres carrés de terres sur cette planète qui deviendront disponibles pour l’agroforesterie. Si vous faites pousser autant d’arbres, vous pouvez produire sur les terres agricoles tout ce que vous obtenez actuellement de la forêt. Les agriculteurs s’enrichiront et vous enrichirez aussi les sols. Dans ce contexte, vous n’avez pas à renoncer à la viande, diminuez juste votre consommation de moitié. C’est ce que tous les médecins préconisent. Ce n’est même pas une solution écologique, c’est une solution pour votre santé.

#4 Régime à base de fruits : bon pour vous et pour la planète

Supposons que quelqu’un soit malade à l’hôpital. Vous ne lui apporterez pas un steak ou un biryani, bien sûr. Vous amenez des fruits. Le message est clair : mange sainement, au moins maintenant ! Mais la personne à qui vous le dites ne comprend pas ! Lorsque des voyageurs comme Xuanzang et Mégasthène vinrent en Inde, ils remarquèrent que le régime des Indiens présentait une part disproportionnée de fruits et ils se dirent : « Ce pourrait être la raison pour laquelle ils ont un intellect aussi aiguisé. » Nous devenons idiots, car nous ne sommes pas conscients de la nourriture que nous consommons.

Si ce que vous mangez contient plus de 75 % d’eau, vous n’aurez aucun mal à prendre soin de votre santé. Quand vous mangez un légume cru, il contient un peu plus de 70 % d’eau. Quand vous mangez un fruit, la teneur en eau est généralement supérieure à 90 %. C’est donc le meilleur régime alimentaire. Au moins 30 à 40 % de votre régime alimentaire devrait provenir des arbres, et non d’un cycle de culture de 4 mois. Cela veut dire que nous devrions tous manger un peu plus de fruits. Actuellement, les fruits coûtent cher parce qu’ils viennent de Nouvelle-Zélande, d’Australie ou de Thaïlande. Si vous faites pousser des fruits tropicaux localement, ils ne coûtent pas très cher.

#5 La création d’une planète consciente

Si toute autre espèce avait infligé les dégâts que nous avons causés à la planète, nous aurions trouvé un moyen de nous en occuper. Si des milliards de sauterelles martiennes débarquaient ici et commençaient à couper tous nos arbres, à transformer nos sols en déserts, à aspirer l’eau de nos rivières, nous les aurions certainement exterminées. Mais le problème ne vient pas de sauterelles extraterrestres. Le problème, c’est nous.

Puisque nous sommes la source du problème, nous pouvons aussi être la source de la solution. Nous représentons un problème seulement parce que nous sommes dans un mode d’action compulsif inconscient. Si nous étions conscients, nous serions naturellement une solution. C’est la raison pour laquelle je travaille avec les agences des Nations unies ainsi qu’avec d’autres responsables et propose cette idée du mouvement « Conscious Planet ».

Il y a 5,2 milliards de personnes qui vivent dans des pays où il est possible de voter et d’élire des chefs d’État. Nous cherchons à mobiliser au moins trois milliards de personnes afin que les enjeux écologiques deviennent les enjeux qui font élire les gouvernements. Nous voulons que ces trois milliards de personnes prennent conscience d’au moins cinq aspects écologiques qui doivent se produire dans leur pays, et de deux ou trois aspects qui ne doivent pas se produire. Si nous y parvenons, l’écologie deviendra sinon l’enjeu numéro un, au moins le deuxième enjeu des programmes électoraux.

Dans le cadre du mouvement « Conscious Planet », j’essaie d’attirer l’attention sur l’aspect le plus important de la régénération de cette planète : les sols. Tout ce que vous voyez comme vie sur cette planète, y compris les vers, les insectes, les oiseaux, les animaux, la vie végétale et nous-mêmes, provient du premier mètre de sols. Les véritables dégâts sont causés aux terres cultivables, qui sont à la base de toute vie telle que nous la connaissons. Si nous pouvons faire en sorte que les sols soient biologiquement riches et en bonne santé, la planète sera capable de se régénérer par elle-même et nous pourrons, en grande partie, faire face aux autres problèmes. 

Actuellement, plus de 95 % de la population mondiale n’a absolument pas conscience du désastre écologique qui se prépare. La conscience écologique ne concerne qu’un petit segment de la population, et même parmi eux, l’idée d’écologie se limite en grande partie à utiliser moins d’eau sous la douche ou à fermer le robinet pour se brosser les dents. C’est formidable que les gens soient conscients de ce qu’ils consomment, mais ce n’est pas une solution écologique complète. L’écologie ne deviendra une politique gouvernementale que lorsqu’elle deviendra un enjeu électoral : alors seulement, des budgets importants seront débloqués pour que des solutions se concrétisent.

Note de la rédaction : Envie d’en savoir plus sur le mouvement ? Consultez le site officiel de Conscious Planet