Sadhguru : Quand on dit « satsang », on ne parle pas d’un club de yoga, d’une association ou de tout autre lieu de rencontre. Sat signifie « vérité », sang signifie « être en communion avec ça ». Que faut-il pour être en communion avec la vérité ?

Sadhguru: Par le terme de « vérité », nous désignons ce qui fait tout fonctionner ici. Quelque chose fait tourner la planète, quelque chose fait battre votre cœur, quelque chose fait fonctionner le cosmos tout entier. C’est la vérité. Vous n’avez pas besoin d’aller au cœur de la galaxie pour être en contact avec elle. La même chose est également présente au cœur de vous-même. Alors pourquoi n’est-on pas constamment en contact avec elle ? Pourquoi avons-nous besoin d’un certain lieu ou d’une certaine présence pour la sentir ? C’est parce que le mental, qui devrait être un miroir montrant la vie avec une absolue clarté, fonctionne avec des idées préconçues.

Instruments fabriquant des idées préconçues

Quel que soit le mental que l’on ait, c’est une certaine forme d’idées préconçues. Vous pouvez vous penser large d’esprit, mais ça signifie simplement que vous avez une large palette d’idées préconçues, car le mental ne peut pas fonctionner sans identification. Dès l’instant où vous êtes identifié à quelque chose, le mental acquiert des idées préconçues. Certaines personnes sont très rigides concernant leurs idées préconçues, d’autres sont un peu flexibles, mais il y a une idée préconçue. Si vous dites « je suis un homme », vous avez une idée préconçue masculine. Si vous dites « je suis une femme », vous avez une idée préconçue féminine. Si vous dites « je suis indien », vous avez une idée préconçue indienne. Chaque pensée, chaque émotion et chaque action que les êtres humains formulent provient de ces différentes idées préconçues.

Le problème avec l’humanité, c’est que ces idées préconçues se sont installées à bien des égards et sont même célébrées. Ces idées préconçues sont désormais tellement bétonnées que les gens pensent que les dépasser relève du sacrilège. Dès l’instant où vous vous êtes identifié à quelque chose, vous ne pouvez pas penser, sentir ou agir au-delà de ça. Tout restera à l’intérieur de ce cadre. Et le plus grand problème, c’est que vous allez penser que vous avez parfaitement raison.

Un satsang ne consiste pas simplement à essayer d’éliminer une idée préconçue. Nous voulons rester au-delà de l’instrument qui fabrique les idées préconçues. Vous limitez toutes les idées préconçues : vous n’êtes identifié ni à un homme, ni à une femme, ni à rien d’autre. Vous ne prêtez aucune attention à votre corps, à votre mental, à vos pensées, à vos émotions : à rien. Le mental continue à tourner, le corps dit : « j’ai mal, je veux aller aux toilettes », mais vous êtes simplement assis, comme un sac, mais alerte.

Satsang signifie le sens ultime de la vie. Il est de la plus haute importance pour votre existence d’être en communion avec ce sens ultime de la vie.

Vous pouvez penser beaucoup de choses de vous-même, mais en fin de compte, votre corps n’est qu’un sac de terre. Si vous le mettez dans la terre, il redeviendra de la terre en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Donc si vous laissez le corps simplement assis et vous maintenez votre attention, le reste aura lieu. Il ne faut rien faire d’autre. Un processus spirituel n’est pas quelque chose que l’on fait. Si vous mettez simplement votre corps et votre mental de côté, vous êtes spirituel. Si vous retirez l’attention que vous portez au corps et au mental et restez simplement alerte, quelque chose d’autre viendra dans votre perception. Plus vous accordez d’importance à votre corps et à votre mental, plus vous avez d’idées préconçues, parce que la nature même du corps et du mental est une idée préconçue. Imaginons par exemple qu’une voiture se dirige vers vous, le corps voudra fuir. À cet instant, seul ce corps-ci a de l’intérêt, pas les autres corps. Mais supposez que vous soyez amoureux ou amoureuse de quelqu’un, vous plongerez pour sauver cet autre corps.

L’amour a acquis une telle importance dans le processus spirituel parce qu’il vous aide à franchir la ligne des idées préconçues, qui est tellement rigide et solide que vous ne la brisez en général jamais. Et soudain, vous agissez de manière irrationnelle. Ce sont ces gestes irrationnels qui rendent votre vie belle. Sachant ceci, quelque part au fond de vous, vous maintenez un tout petit peu d’irrationalité et de bon sens dans votre vie. Tout le reste est analysé, rationnel et totalement dénué de sens de la vie. Il y a beaucoup d’intelligence et de sens social, mais il n’y a aucun sens de la vie là-dedans.

Quand le créateur est votre ami

Satsang signifie le sens ultime de la vie. Il est de la plus haute importance pour votre existence d’être en communion avec ce sens ultime de la vie. La source de la vie en vous, n’est-elle pas de la plus haute importance ? Mais si vous regardez votre vie, vos dents reçoivent de l’attention en premier le matin ; votre corps reçoit de l’attention, vos ongles reçoivent beaucoup d’attention et vos cheveux reçoivent deux heures d’attention. Mais quelle quantité d’attention reçoit ce qui est la source de votre vie chaque jour ?

Si le créateur en vous se retourne contre vous, vous êtes fini. Mais les gens essaient de vivre sans y prêter la moindre attention, en espérant que tout ira pour le mieux. La vie ne marche pas comme ça. Si vous n’y prêtez pas suffisamment attention, elle va commencer à faire des ravages. Quand le fardeau devient ingérable, les gens pensent : « Oh, je veux mourir... ». Mais si vous considérez le cœur de la création ou le créateur comme votre ami, peu importe que vous restiez sur cette terre encore mille ans ou que vous partiez demain. C’est ainsi que la vie devrait être.

C’est d’une simplicité confondante, mais il faut tellement de douleur et de souffrance pour que les gens le comprennent. Faut-il que quelque chose aille complètement de travers dans votre vie pour que vous fassiez les bonnes choses avec vous-même ? Vous devez faire les bonnes choses quand tout va bien dans votre vie. Si vous attendez que les choses aillent horriblement de travers, alors même si vous avez l’intention d’agir, votre corps ou votre mental n’auront peut-être pas la force nécessaire, ou les situations autour de vous ne coopéreront peut-être pas. C’est malheureusement ainsi que la plupart des individus et l’humanité tout entière gèrent les situations.

Prenez l’exemple du changement climatique. Faut-il d’importantes connaissances scientifiques ou une solide compréhension de la planète pour voir que nous empruntons une voie qui mène au désastre ? À la manière dont nous gérons la planète, n’importe quel idiot peut voir que les choses vont mal tourner. Mais nous ne nous en rendons compte qu’une fois que la situation tourne à la catastrophe.

Rafler la mise

Si vous restez en satsang, vous ferez ce qui est juste avant que les choses ne tournent mal dans la vie, avant qu’il ne soit trop tard. Si le cœur de l’existence devient une partie de votre vie au quotidien, pas en imagination ou comme un acte de foi, mais comme une chose vivante, vous avez toutes les chances de remporter la mise.

Si vous restez en satsang, vous ferez ce qui est juste avant que les choses ne tournent mal dans la vie, avant qu’il ne soit trop tard.

Un jour, Shankaran Pillai va au bar avec son perroquet. Au prix d’importants efforts, il avait réussi à apprendre à son perroquet à réciter le deuxième chapitre de la Bhagavad Gita en entier, mot pour mot. Il commande donc quelques verres et lance d’une voix forte : « Est-ce que quelqu’un a envie de parier ? Mon perroquet peut réciter le deuxième chapitre de la Gita pour vous tous. » Les clients du bar s’écrient tous : « Bah, tu as trop bu. »

Shankaran Pillai réplique : « Les gars, je vous rends le double de votre mise si mon perroquet échoue. » Il a totalement confiance dans les capacités du perroquet. Sachant que c’est de l’argent facilement gagné, tous sortent tous les sous qu’ils ont sur eux et les déposent sur le comptoir. Au total, il y a 54 000 roupies. Si le perroquet récite la Gita, Shankaran Pillai empoche tout ; sinon, il doit payer 108 000 roupies. Alors Shankaran Pillai dit au perroquet : « Vas-y Kiki ». Le perroquet dit simplement : « kik kik ». Shankaran Pillai l’encourage : « Vas-y Kiki, la Gita. Allez ! » Le perroquet piaille : « kik, kik ». Il a beau faire, le perroquet ne dit rien de plus que « kik, kik ». Les gens rient et Shankaran Pillai doit sortir son chéquier et rédiger un chèque de 108 000 roupies.

Une fois rentré à la maison, il s’écrit, en furie : « Quel idiot ! Pourquoi n’as-tu pas parlé ? Je t’ai entraîné pendant tous ces mois, pourquoi n’as-tu pas parlé ? » Le perroquet répond seulement : « Imagine un peu le montant des paris demain ! »

Si vous gardez la bouche fermée pendant cinq minutes, vous ne pouvez pas imaginer les gains que vous ferez demain. Voilà ce que signifie satsang.

Note de la rédaction : La Fondation Isha Europe organise des satsangs mensuels en français, au choix : en ligne ou en personne dans de nombreuses villes partout en France. Si vous avez suivi un des programmes de yoga Isha ou Ingénierie Intérieure en Ligne, les satsangs offrent une atmosphère propice pour faire corriger vos pratiques et approfondir votre expérience. Utilisez le lien ci-dessous pour trouver un satsang près de chez vous.

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