Premier prasadam

Swami Devabahu: Deux choses ont marqué mon enfance.

Premièrement, depuis mes 9 ans, le mot « gourou » éveillait quelque chose en moi. Quel que soit le contexte dans lequel j’entendais le mot, j’y prêtais attention. Les gourous que je voyais dans des séries télévisées comme le Mahabharata et le Ramayana m’ont beaucoup influencé et j’ai grandi en croyant que notre génération ne comptait pas de gourous d’un tel calibre.

Deuxièmement, j’allais souvent m’asseoir seul au sommet d’un rocher derrière le temple de Malaikovil à Trichy pendant jusqu’à quatre heures de suite. Je m’asseyais là, simplement, sans vraiment penser, et je regardais la route en contrebas.

« Comment peut-il être un gourou ? me suis-je dit. On dirait un homme ordinaire avec son épouse et sa fille, et il conduit une voiture. » J’avais imaginé un gourou vêtu d’orange : ascétique et semblable à un saint.

Sinon, je menais la vie normale d’un adolescent simple, turbulent, enjoué et plein d’énergie. Après avoir terminé le cours d’officier radio de la marine, j’ai trouvé un emploi temporaire comme comptable dans une rizerie. Il s’agissait d’une entreprise familiale gérée par la deuxième génération, qui comptait trois fils. Le père et ses trois fils, ainsi que peut-être quelques autres membres de la famille, étaient des méditants Isha. J’entendais souvent des sons « ka ka ka » le matin et je me demandais quel type de yoga ça pouvait être. Un jour, ils m’ont demandé de me joindre à un petit événement dans leur maison pour accueillir leur gourou qui venait pour les bénir. « Il y avait beaucoup de gens qui souhaitaient qu’il bénisse leur maison, mais il a accepté de venir chez nous », a ajouté un des fils avec excitation. C’était la première fois que je voyais Sadhguru.

J’ai vu Sadhguru, vêtu d’un angavastram, garer sa Tata Sierra remplie de valises. Vijji Maa et Radhe étaient avec lui. « Comment peut-il être un gourou ? me suis-je dit. On dirait un homme ordinaire avec son épouse et sa fille, et il conduit une voiture. » J’avais imaginé un gourou vêtu d’orange : ascétique et semblable à un saint. Je me tenais donc là, désintéressé, à l’écart de la foule qui s’était rassemblée pour recevoir ses bénédictions. Après une Pada Pooja par la famille, d’autres se sont prosternés à tour de rôle aux pieds de Sadhguru. Devant l’insistance de la famille, je me suis moi aussi prosterné devant Sadhguru. Puisque j’étais le dernier, il n’y avait pas beaucoup d’espace autour de lui et je n’avais pas d’autre choix que de toucher ses pieds avec mon front. Quand je me suis levé, j’ai senti que mon front était enduit de chandanam (pâte de santal) qui avait été offert à ses pieds pendant la Pada Pooja. Avec du recul, j’avais l’impression que c’était le premier prasadam de Sadhguru pour moi, pourtant cette rencontre m’avait semblé sans importance à l’époque.

Le feu du brahmacharya

Chaque fois que j’avais le temps, j’aimais glisser sur des tas de riz séché. Un jour, alors que je glissais joyeusement, un des fils est venu me demander s’ils pouvaient m’envoyer à la classe de yoga d’Isha. « Ça calmera ton agitation », a-t-il ajouté. Puisqu’ils prenaient en charge la cotisation pour les cours, payaient pour mon congé et me prêtaient leur moto durant ces 13 jours, j’ai accepté avec plaisir de suivre les cours. Et ma vie a changé à jamais.

« De la volonté, a-t-il dit en souriant, c’est tout. » Depuis lors, le but de ma vie a été de devenir brahmachari.

Au fur et à mesure des cours, je me sentais de plus en plus exubérant et pour exprimer ma joie absolue et mon état énergétique, je prenais chaque jour le micro et partageais mon expérience avec enthousiasme. Le dernier jour, quelque chose de phénoménal s’est passé, et après Guru Pooja, des larmes incontrôlables baignaient mes joues. Notre enseignant, qui était aussi brahmachari, nous a remis à chacun une fleur avant de clôturer le cours. Lorsque je suis allé recevoir la fleur, je l’ai salué avec un shashtanga namaskaram complet, puis il m’a relevé et pris dans ses bras. Mes larmes ruisselaient sur mes joues et ont trempé son kurta blanc. Les participants qui, jusque-là, me voyaient comme un jeune gars plein de fougue et de vivacité étaient surpris de me voir dans cet état. 

L’énergie du brahmachari, sa façon d’être avaient fait une profonde impression sur moi et j’ai demandé à l’enseignant adjoint : « De quelles qualifications ai-je besoin pour être comme lui ? » « Tu veux parler du brahmacharya ? » m’a demandé celui-ci. « Oui », ai-je répondu sans savoir ce qu’il voulait dire par brahmacharya. « De la volonté, a-t-il dit en souriant, c’est tout. » Depuis lors, le but de ma vie a été de devenir brahmachari.

Je me suis adonné entièrement aux pratiques. Le kriya me demandait une heure et quinze minutes. Mais je suis devenu encore plus efficace qu’avant dans mon travail et j’avais donc encore plus de temps pour glisser sur le riz... à la déception du propriétaire ! Bien que cette espièglerie ne se soit pas atténuée, personne ne pouvait ne pas remarquer le profond changement qui avait eu lieu en moi après les cours.

Sadhguru a dit : « Nous ne sommes peut-être pas liés par le sang, mais il y a un autre lien entre nous...."

Un mois plus tard, je suis allé à l’ashram pour le satsang Aradhana de Vijji Maa qui s’est tenu 11 jours après son Mahasamadhi. Je l’avais vue seulement deux fois dans ma vie... une fois chez le propriétaire de la rizerie et une autre fois le jour de l’initiation Isha Yoga. Beaucoup de gens se sont levés pour prononcer quelques mots à propos de Vijji Maa, et avant la fin du satsang, Sadhguru a dit : « Nous ne sommes peut-être pas liés par le sang, mais il y a un autre lien entre nous. S’il vous plaît, mangez avant de partir. » Ces mots ont pénétré en moi très profondément et ont renforcé encore plus ma détermination à poursuivre sur cette voie. 

En mars, j’ai fait BSP avec Sadhguru. Dès qu’un processus commençait, je me mettais à danser ou à pleurer : ça se produisait chaque jour, pour la plupart des processus. Le premier jour, les bénévoles ont essayé de m’obliger à rester assis, mais par la suite, ils m’ont laissé tranquille. J’ai appris plus tard que Sadhguru leur avait dit de me laisser danser ou faire tout ce que je voulais.

Après BSP, j’ai pris rendez-vous avec Sadhguru et lui ai demandé si je pouvais venir à la formation des enseignants. « Oublie la formation des enseignants : j’ai un autre travail pour toi », m’a-t-il dit. Aujourd’hui encore, je me demande quel est ce travail ! En tout cas, lors de cette rencontre, je lui ai aussi demandé pour le brahmacharya. Au début, il a tenté de me décourager, mais à ma grande joie, il a fini par me dire « oui » d’un signe de la tête. En moins d’un mois, j’ai emménagé à l’ashram et j’ai été initié au brahmacharya l’année suivante, en 1998.

L’amour du maître

Le jour de l’initiation a été l’un des jours les plus heureux de ma vie : je l’avais tellement attendu. Après l’initiation, nous étions assis (à l’endroit où se trouve maintenant Chandrakund) pour un repas servi sur des feuilles de bananier. C’était Mahashivratri et on nous a servi la nourriture typiquement servie lors de cet événement : riz à la tomate et chakkara pongal. J’étais assis à gauche de Sadhguru. Lorsque Ponnuswamy anna, un bénévole de Tirupur, a servi le chakkara pongal à Sadhguru, j’ai pensé : « Si Vijji Maa était en vie, elle nous aurait servi les douceurs de sa main. » Sadhguru a pris deux portions de chakkara pongal, puis Ponnuswamy anna est venu me servir. « Ne lui donnez pas de chakkara pongal », a dit Sadhguru dès qu’anna a levé la cuillère de pongal pour me servir. Anna et moi-même étions perplexes en entendant ça et nous avons regardé Sadhguru d’un air interrogateur. Sadhguru a simplement pris dans sa main une boulette de chakkara pongal sur sa feuille et il l’a mise sur ma feuille. Des larmes ont roulé sur mes joues.

Sadhguru a simplement pris dans sa main une boulette de chakkara pongal sur sa feuille et il l’a mise sur ma feuille. Des larmes ont roulé sur mes joues.

Ce même jour, Shiva anna (un résident de l’ashram) avait été chargé de prendre des photos de groupe avec Sadhguru dans divers endroits de l’ashram. Je voulais vraiment me tenir à côté de lui sur une des photos, mais je n’avais pas réussi à me rapprocher. Pour la dernière photo, nous étions au Samadhi de Vijji Maa et je m’étais décidé cette fois-ci à me rapprocher de Sadhguru. Mais j’ai été distrait par quelque chose et toutes les places autour de lui ont été rapidement prises. La mort dans l’âme, je me suis mis debout à l’arrière. Anna a positionné son appareil, prêt à prendre la photo, quand soudain, Sadhguru lui a demandé d’arrêter ! Il m’a appelé et demandé de m’asseoir devant lui. Que puis-je dire de plus sur Mon Maître et son amour !

Quelques moments inoubliables

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Quelques mois après avoir emménagé à l’ashram, on m’a donné la responsabilité d’acheter des articles pour la construction du Dhyanalinga et d’autres matériaux pour l’ashram. On m’a donné à conduire la jeep Tata Mobile et par moments, je faisais quatre allers-retours jusqu’à Coimbatore par jour. Pour faire des économies, nous chargions et déchargions nous-mêmes le camion rempli de lourds matériaux. Aucun d’entre nous ne peut oublier l’intensité et la difficulté qu’a représentées la construction du dôme du Dhyanalinga.

Je me rappelle qu’une fois, alors que la construction de la voûte d’entrée du Dhyanalinga était presque terminée, nous nous sommes rendu compte que la dernière pierre qui joignait les deux bras de l’arc devait avoir une forme et une taille différentes des autres pierres utilisées pour l’arc... et nous ne l’avions pas. Nous avons immédiatement appelé le responsable de la carrière pour qu’il commence de tailler la pierre et Swami Devasatwa et moi avons décidé de nous rendre en personne à la carrière pour nous assurer qu’elle soit taillée dans les temps. Nous sommes partis à 22 heures pour Kunnathur (près de Gobichettipalayam) et sommes restés là-bas jusqu’à ce que nous ayons rapporté la pierre à 4 heures du matin.

Il a failli tomber en disant « Anahata », mais il s’est remis sur pied rapidement. Il semblait beaucoup souffrir en verrouillant les trois derniers chakras. Finalement, après avoir verrouillé le dernier chakra, il s’est écroulé.

La consécration du Dhyanalinga est un événement qui reste si vivant dans mon esprit, c’est comme si c’était hier. Avant de pouvoir achever la dernière partie de la consécration, nous avons été dans un état de flou pendant 15 jours. Chaque jour, Sadhguru vérifiait si la situation était propice. Puisque nous ne savions pas quand ça allait avoir lieu, nous continuons à vaquer à nos activités habituelles.

Le 24 juin 1999, j’étais parti à Coimbatore pour récupérer les articles commandés. Comme à mon habitude, j’ai appelé l’ashram vers 17 h 15 pour demander s’il fallait quelque chose. Maa Gambhiri a répondu au téléphone et a dit : « Il est très probable que la consécration ait lieu ce soir et Sadhguru rencontre les brahmacharis à 18 heures. Viens si tu peux. » J’étais sur la route DB, à R.S. Puram, à ce moment-là. Puisque je ne pouvais pas manquer cette réunion, j’ai conduit vraiment vite, et en 35 minutes, j’étais de retour à l’ashram. J’ai garé le véhicule près de Kavalya Kutir et j’ai couru pour rejoindre les autres brahmacharis sous l’arbre Shivalaya. 

Quelques minutes plus tard, Sadhguru est entré tranquillement, vêtu de son kurta blanc et d’un jean. « Aujourd’hui semble être un jour propice pour la consécration », a-t-il dit. Il a alors donné quelques instructions au sujet de la façon dont nous devrions être dans le dôme, et nous a donné à chacun une fleur de jasmin. Après 30 minutes environ, Sadhguru s’est levé de la pierre Shivalaya et s’en est allé très lentement vers Shoonya Cottage. Nous étions tous là à le regarder disparaître derrière le jardin de l’arbre penché. C’était comme s’il s’était fondu dans le crépuscule.

Sadhguru avait dit qu’en dernier recours, il pourrait avoir à se fondre dans le linga pour achever la consécration. En pensant à cette possibilité, quelques-uns d’entre nous avaient du mal à contrôler leurs émotions. Mais nous avions du pain sur la planche, donc nous nous sommes tous dispersés pour assumer les tâches dont nous étions chargés pour le processus de la consécration.

Certains d’entre nous savaient que Sadhguru pourrait s’effondrer pendant le processus et aurait besoin d’être porté jusque chez lui. On m’avait confié cette responsabilité. Je devais donc garder mon véhicule prêt à l’extérieur du dôme et m’asseoir près de Bharathi Akka pour surveiller de près Sadhguru.

Vers 18 heures, j’ai vu Sadhguru sortir de Shoonya Cottage, vêtu de son pagne et d’un châle blanc. Il marchait avec, de chaque côté, deux brahmacharis qui tenaient des torches enflammées. Sadhguru est d’abord allé vers la pierre du Samadhi de Vijji Maa et a fait un processus. Dès que je l’ai vu avancer vers le dôme, je suis allé m’asseoir à l’intérieur. Il faisait assez sombre à l’intérieur, seuls l’Avudaiyar et le Linga étaient faiblement éclairés.

Quand je me suis approché de lui, il a levé la main et l’a posée sur mon épaule. Son contact était plus fort qu’un courant électrique et je me suis mis à trembler violemment.

Sadhguru est entré et a sauté sur l’Avudaiyar sans aucune aide. Puis, il a demandé de l’eau. Je ne voyais pas de récipient et me demandais quoi faire. Pendant ce temps, un autre brahmachari a pris de l’eau du Jalaseema dans ses mains et l’a donnée à Sadhguru. Sadhguru a appliqué l’eau sur ses chakras et a débuté le processus. Il a débuté par le chakra supérieur, puis il a verrouillé chaque chakra dont il a prononcé le nom à voix haute. Il a failli tomber en disant « Anahata », mais il s’est remis sur pied rapidement. Il semblait beaucoup souffrir en verrouillant les trois derniers chakras. Finalement, après avoir verrouillé le dernier chakra, il s’est écroulé.

Alors que j’étais censé aller vers lui immédiatement, je me sentais vide et paralysé. Il était là, allongé sur l’Avudaiyar, les yeux fermés, et je me suis contenté de le regarder pendant quelques instants. À ce moment, nous avons vu sa main faire un geste. Bharathi Akka a compris et m’a indiqué de le ramener chez lui. J’ai alors repris mes esprits et j’ai accouru pour le relever. Pendant que nous le transportions, ses yeux sont restés fermés et il faisait des sons. On avait l’impression qu’il souffrait terriblement.

Nous l’avons aidé à s’asseoir sur le siège du passager et j’ai pris le volant. Il a reposé sa tête sur mon épaule pendant que je conduisais vers Shoonya Cottage. Alors que nous le soulevions pour le transporter à l’intérieur, ma chemise s’est enroulée autour du levier de vitesse. Je tenais ses épaules avec mes deux mains, il n’y avait donc pas moyen de libérer une main pour décoincer la chemise. Je l’ai simplement déchirée de force. Une fois à l’intérieur, nous nous sommes dirigés vers sa chambre, mais Sadhguru nous a indiqué de l’emmener au sanctuaire (qui servait à divers processus de préparation) et là, nous l’avons déposé sur le sol. Dès que nous l’avons lâché, il a commencé à se rouler de douleur. Je ne pouvais pas supporter de le voir dans cet état et je suis parti, les larmes aux yeux.

Le troisième jour après la consécration, on m’a demandé d’amener Sadhguru à la pierre Shivalaya. Quand je suis entré dans sa chambre, j’étais tellement soulagé de le voir assis sur sa chaise. Il n’y avait personne d’autre dans la chambre. Quand je me suis approché de lui, il a levé la main et l’a posée sur mon épaule. Son contact était plus fort qu’un courant électrique et je me suis mis à trembler violemment. Il a compris et baissé la main. Puis, je l’ai soulevé en le tenant par la taille et je l’ai amené jusqu’à sa Sierra. Alors que je m’installais à la place du conducteur et démarrais la voiture, j’étais très heureux de voir que Sadhguru observait avec curiosité chaque geste que je faisais en conduisant sa voiture. C’était peut-être la première fois que Sadhguru était assis à la place du passager de sa propre voiture.

Après ce jour, j’ai gardé le silence. Je ne l’ai revu que sept jours plus tard, alors qu’il partait pour une réunion à Salem. Il marchait lentement, avait l’air fatigué et incroyablement plus âgé... Sa barbe était devenue presque grise en seulement dix jours. Mais il était VIVANT !

Journées d’amusement

Un des premiers jours après avoir emménagé à l’ashram à temps plein, une brahmacharini m’a donné un balai et m’a demandé de balayer le réfectoire. Étonné, je l’ai regardée : « Quoi ? Elle me demande de balayer ? Ce sont les femmes qui font ces choses, pas les hommes ! » Mais n’ayant pas le choix, j’ai balayé la salle. Mais rapidement cette question de genre a simplement cessé d’exister et nous vivions tous comme une famille en nous soutenant et en nous chamaillant. Je me souviens encore avec plaisir de quelques blagues que j’ai faites à certains et des fois où c’est moi qui en ai fait les frais.

Pendant les trois mois suivants, le swami a continué à allumer ces appareils remplis d’eau avec le même zèle. Et le jour où il s’en est aperçu... je ne vous dirai pas ce qui m’est arrivé !

Quelques années après la consécration, j’ai été muté dans notre bureau de Singanallur pour m’occuper de la comptabilité. Un swami qui séjournait aussi là-bas était très pointilleux sur le fait qu’aucun moustique ne devrait entrer dans la maison. Chaque jour, à une certaine heure, comme un rituel, il branchait de nombreux répulsifs électriques dans toute la maison. Ces antimoustiques ne fonctionnaient pas vraiment et on se faisait piquer quand même. Un jour, j’ai remplacé les solutions antimoustiques par de l’eau et je les ai rebranchés. Pendant les trois mois suivants, le swami a continué à allumer ces appareils remplis d’eau avec le même zèle. Et le jour où il s’en est aperçu... je ne vous dirai pas ce qui m’est arrivé !

Une autre fois, c’est moi qui ai été le dindon de la farce : les jours où je m’occupais des achats, je restais parfois au bureau de Singanallur quand j’étais retardé. Swami Devasatwa, qui s’occupait de la cuisine à l’époque, me servait au moins de l’upma, quelle que soit l’heure à laquelle j’arrivais là-bas. Après une de ces nuits, Swami m’a demandé le matin : « Aimerais-tu quelque chose de spécial pour le brunch ? » « Non, non, cuisine ce que tu veux », ai-je répondu. Il insistait encore et encore et finalement, je lui ai dit quelque chose. Après quelques heures, je suis entré dans la salle à manger, excité à l’idée de manger mon plat préféré. J’ai soulevé le couvercle du plat de service et j’ai été déçu de voir que c’était encore de l’upma, cette fois mélangé avec des pommes de terre bouillies. « D’accord, peut-être qu’il était trop occupé », ai-je supposé et, sans rien dire, je me suis servi, j’ai fait l’invocation et pris la première bouchée... À ma grande surprise, les pommes de terre étaient crues et à peine cuites ! J’ai passé la demi-heure suivante à enlever les morceaux de pommes de terre et à racler l’upma qui les enrobait pour pouvoir le manger tant bien que mal. Et plus tard, je suis tombé à nouveau dans le même piège ! Il y a eu d’innombrables moments où nous nous amusions aux dépens des autres, comme ça.

Du Pancha Bhuta Aradhana au Kailash

En 2006, Sadhguru m’a mis en silence pendant les quatre années suivantes. Le jour où je suis sorti du silence, on m’a demandé d’assister à une réunion avec Sadhguru pour discuter de la logistique du tout premier Pancha Bhuta Aradhana. À un moment, Sadhguru a demandé à Swami Nandikesha : « Qui s’occupera de ça ? » Swami m’a pointé du doigt. « Seras-tu capable de t’en occuper, Swami ? » a-t-il demandé comme s’il n’était pas certain que je puisse le faire. J’ai hoché la tête et j’ai fait de mon mieux pour m’assurer que ses instructions étaient suivies à la lettre. Après environ trois ans d’activités dans le temple, je suis passé à Akshaya (notre cuisine) en 2013, puis au département menuiserie en 2015.

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En 2015, Maa Gambhiri m’a demandé de m’occuper de la cuisine pour le groupe de Sadhguru pendant le yatra au Kailash. Pendant que j’étais à Braga, quelqu’un m’a dit que Sadhguru avait aimé ma cuisine jusqu’à maintenant, mais qu’il n’était pas certain que la qualité demeure la même pendant le trek en montagne au cours des jours suivants. « Si je suis en vie pendant les quinze prochains jours, je maintiens la même qualité et, si possible, je l’améliore », me suis-je promis pour Sadhguru. Et toute l’équipe de la cuisine a travaillé très dur pour qu’il en soit ainsi.

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Le dernier jour du yatra, j’étais fou de joie d’entendre que Sadhguru avait loué la qualité de la nourriture pendant la séance de clôture. Puisque l’équipe d’Akshaya ne pouvait pas se joindre à cette séance, Sadhguru m’a même envoyé un message : « Tant de choses se sont passées durant ce yatra, parfois pas de la meilleure façon, mais en ce qui concerne la cuisine, ça s’est toujours bien passé. Mes bénédictions à Swami et à son équipe. » Une fois encore, j’ai senti les larmes rouler sur mes joues.

Sadhguru est une mère, un père, un ami... tout. Je ne peux pas exprimer par des mots combien je lui suis reconnaissant d’avoir créé un espace consacré si puissant pour que nous grandissions ensemble.

L’année dernière, j’ai entendu dire que Sadhguru m’avait appelé « notre Swami béni » dans son blog en direct. En entendant ça, mes yeux sont devenus humides en me souvenant du jour où Sadhguru n’était pas certain que je puisse m’occuper du Pancha Bhuta Aradhana. Depuis ce jour jusqu’au jour où il m’a appelé « Swami béni » : pour moi, c’est mon parcours spirituel.

Sadhguru est une mère, un père, un ami... tout. Je ne peux pas exprimer par des mots combien je lui suis reconnaissant d’avoir créé un espace consacré si puissant pour que nous grandissions ensemble. Chaque personne ici avec laquelle je suis en contact dans diverses situations (sevadhars, bénévoles, résidents et brahmacharis) contribue à mon développement.

Le dernier soupir

Il y a deux ans, je suis allé à Kayanta Sthanam pour passer une journée dans le cadre de la sadhana des brahmacharis. J’ai toujours eu une peur subtile de la mort : « Comment pourrai-je regarder les cadavres brûler ? » me demandais-je pendant le trajet. Je ne sais pas comment c’est arrivé, mais ma peur de la mort a juste disparu après ce jour. J’ai réalisé que la seule différence entre une personne vivante et une personne morte est le dernier soupir : le dernier soupir s’en va pour la personne morte. C’est tout ! Depuis ce jour, je respire consciemment avec joie en attendant mon dernier soupir.