Sadhguru explique que le gnana yoga n'est pas une philosophie, mais un processus visant à aiguiser l'intellect à un point tel qu'il peut « pénétrer le processus de la vie et vous montrer ce qui est vrai et ce qui n'est pas vrai. »

Sadhguru : Gnana ne veut pas dire philosopher, gnana veut dire « savoir ». Malheureusement, la philosophie se fait principalement passer pour du gnana yoga aujourd'hui. Fondamentalement, si vous voulez poursuivre gnana, il vous faut un intellect très alerte et aiguisé. Chaque jour et chaque instant, vous devez lentement aiguiser votre intellect jusqu'à ce qu'il soit aussi tranchant qu'un rasoir. Il ne rate rien. Il peut tout traverser, mais rien ne lui colle à la peau, il n'est pas influencé par quoi que ce soit qui a lieu autour de lui. Ça c'est gnana.

Si vous pouvez maintenir votre intellect comme cela, il va pénétrer naturellement dans le processus de la vie et vous montrer ce qui est vrai et ce qui n'est pas vrai, ce qui est réel et ce qui n'est pas réel. Mais aujourd'hui, les gens tirent des conclusions hâtives. Ils élaborent des philosophies. Les gens disent ouvertement : « Tout est maya. Tout n'est qu'illusion, donc pourquoi s'inquiéter ? » Ils essaient juste de se consoler. Mais lorsque maya s'empare véritablement d'eux, toutes leurs philosophies s'évaporent.

« Ce que je sais, je le sais. Ce que je ne sais pas, je ne le sais pas. » C'est ça gnana.

C'est arrivé à un philosophe : il allait et venait avec une grande force : « Tout est maya, ne vous préoccupez pas de quoi que ce soit. Le monde entier dont vous faites l'expérience n'est qu'illusion. » Une fois ça c'est passé ainsi : il se promène avec deux de ses moines. Un singe enragé, devenu fou, se met à le poursuivre en fureur. Le philosophe se met à crier et et à courir. Au bout d'un moment, le singe a trouvé une autre attraction et s'en va.

Le philosophe s'arrête et réalise que tout cet « enseignement de maya » s'est soudainement éffondré. « Le singe est aussi maya, la folie du singe est aussi maya. Le singe va me mordre, c'est aussi ça maya. Pourquoi ai-je fui comme ça ? » Ça l'a juste frappé de plein fouet. Dès lors, il n'a plus jamais été le même homme.

Donc parler de la nature illusoire du monde, ou parler de la Création et du Créateur, ou croire que le monde est comme ceci ou cela, ce n'est pas gnana. Les yogis gnana ne peuvent pas se permettre de croire ou de s'identifier à quoi que ce soit. Dès qu'ils le font, le tranchant et l'efficacité de l'intellect disparaissent. Malheureusement, aujourd'hui, au nom du gnana, les gens croient tellement de choses : « Je suis atman, je suis paramatman. » Ils croient à la façon dont le cosmos est agencé, à la forme et à la taille de l’âme, à la façon dont elle va se transcender : ils lisent tout ça dans les livres. Ce n'est pas du yoga gnana, parce que vous ne faites que croire quelque chose. Les personnes qui suivent la voie du gnana sont des personnes dont l'intellect est tel qu'elles ne sont pas prêtes à croire quoi que ce soit, ni à ne rien croire. « Ce que je sais, je le sais. Ce que je ne sais pas, je ne le sais pas. » Ça c'est gnana.

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