Comment faire face à un adversaire invisible comme le coronavirus?

Sadhguru : Il y a des moments où l'inaction devient plus importante que l'action. Celui-ci en est un. Moins vous en faites, mieux c'est : en termes de travail, et surtout en termes de voyage. Nous avons connu de nombreuses maladies infectieuses : l'Inde a connu des épisodes aigus de paludisme, et plus récemment de dengue et de chikungunya. Pour ces trois maladies infectieuses, les porteurs sont les moustiques. Nous avons donc toujours pris des mesures pour exterminer les moustiques. Mais dans la situation actuelle, nous sommes les porteurs. Nous ne pouvons pas tuer, nous devons donc rester tranquilles. C'est le moment de s'asseoir, d'examiner nos vies, de réfléchir, de planifier la trajectoire que l'on aimerait donner à nos vies, et surtout, de prendre conscience de la fragilité de notre existence. La plupart des êtres humains ne le comprenne pas au quotidien, mais notre vie est très fragile : un virus microscopique peut nous tuer. 

C'est le moment de s'asseoir, d'examiner nos vies, de réfléchir, de planifier la trajectoire que l'on aimerait donner à nos vies, et surtout, de prendre conscience de la fragilité de notre existence.

Les adversaires auxquels nous sommes confrontés sont invisibles, c’est ce qui les rend si dangereux. Puisque nous sommes les porteurs et que le virus se transmet d'une personne à l'autre, nous devons comprendre que si une personne est le maillon manquant, alors le virus ne pourra passer à la personne suivante. Par conséquent, nous avons immobilisé tous ceux d'entre nous qui voyagent en général beaucoup : tous les Ishangas (enseignants) d'Ingénierie Intérieure, y compris moi-même. Beaucoup se plaignaient des voyages, maintenant ils doivent apprécier d'être ici. Maintenant, vous devez apprendre à vivre sans faire grand chose. Et surtout, ceux qui n'avaient pas le temps de faire du yoga : le voici. Si vous ne pouviez pas fermer les yeux et méditer parce que vous étiez occupé, vous y êtes. C'est le moment de fermer les yeux et de vous asseoir.

Le confinement du coronavirus : l'heure d'un rappel à la réalité

Ceci est un rappel à la réalité pour nous tous, un rappel de la fragilité de notre vie. Nous sommes-nous organisés pour vivre ici, en sachant à quel point notre vie est fragile et éphémère ? Avons-nous prévu une telle vie ? Nous sommes-nous préparés à une telle vie ? Ou bien vivez-vous dans votre propre monde imaginaire, en pensant que vous allez rester ici pour toujours ? C'est un rappel à la réalité de ce que nous sommes.

Profitons-en. Si vous n'avez pas pu atteindre l'éveil par vous-même, au moins servez-vous du virus. Il vous fait réaliser que, juste comme ça, quelqu'un pourrait éternuer et vous mourez. C'est une bonne leçon et un bon rappel. Ce n'est pas le moment de paniquer, mais nous devons être prudents. À l'ashram nous prenons toutes les mesures possibles. Chacun d'entre vous devrait coopérer et y participer. Si vous voyez quelqu'un qui est ne serait-ce qu'un peu affaibli, assurez-vous qu'il soit examiné.

Précautions contre le coronavirus

Nous voulons traverser ceci avec succès et élégance, et vous ? Ce que fait l'Inde en ce moment, compte tenu de notre population, est un effort incroyable. Nous élaborons une stratégie de préparation et de prévention, non seulement pour notre nation, mais pour toutes les nations qui partagent une frontière avec nous. Cela va nous coûter extrêmement cher. En termes de personnes et d'entreprises, la nation et le monde vont être très durement frappés économiquement. Il y a un coût énorme à tout cela, mais quel qu'en soit le coût, c'est mieux que d'être mort. Pour le moment, l'important est de rester en vie. 

Ceux qui ont du bon sens vont survivre à ces situations, ceux qui n'en ont pas seront téméraires et morts.

Pour rester en vie, il vous suffit de ne pas être dans l'action et de laisser vos souliers de voyage de côté pour un certain temps. Vos amitiés, votre proximité avec les gens : tout cela doit vous manquer un certain temps. L'amour doit être nourri dans votre cœur, il n'a pas besoin d'être exprimé pendant un certain temps. Assurez-vous que ni vous ni quiconque autour de vous ne soit victime du virus. Vous devez veiller à ne pas vous mettre en danger, ni vous ni personne autour de vous. Vous devez vivre avec cet engagement jusqu'à ce que ce soit fini. Si vous toussez, restez à l'écart des autres. Ce n'est pas de la discrimination, c’est juste du bon sens. Ceux qui ont du bon sens vont survivre à ces situations, ceux qui n'en ont pas seront téméraires et morts.

Devenir responsable des autres et de vous-même

Nul besoin de provoquer trop de panique à ce sujet. Il y a une différence entre être prudent et être paniqué : paniqué veut dire que vous allez faire tout ce qui ne faut pas ; prudent veut dire que vous allez faire ce qu'il faut. La chose la plus simple que vous puissiez faire est de vous tenir à l'écart de tout le monde. Limitez vos activités extérieures au minimum. Ce n'est pas le moment de parcourir le monde. Beaucoup d'entre vous étiez si occupés que vous ne pouviez pas méditer ou faire Shambhavi Mahamudra : maintenant c'est le moment. Vous pouvez utiliser le temps dont vous disposez pour vous construire. Nous ne pouvons pas décider de ce que la vie nous envoie, mais ce que nous en faisons nous appartient à 100 %.

Nous ne pouvons pas décider de ce que la vie nous envoie, mais ce que nous en faisons nous appartient à 100 %.

En ce moment, pour une raison quelconque, la nature nous a envoyé un virus mortel. Faisons en sorte d'en tirer le meilleur parti. Le virus s'en ira. Nous ne savons pas si l'été le tuera, s'il va mourir de lui-même ou bien disparaître d'une autre manière. Mais il ne durera pas éternellement. En attendant, comme c'est un ennemi invisible, nous devons juste faire profil bas et rester tranquilles un certain temps. Laissons-le passer. Si c'était un grand géant, nous l'aurions combattu. Comme le virus a besoin de nous pour se déplacer, tout ce qu'on a à faire maintenant, c'est de ne pas lui fournir le moyen de transport.  Vous devez prendre cet engagement, pour vous vous assurez de ne pas être le porteur qui va passer le virus à un autre être humain. Si le virus vient à vous, il doit s'arrêter avec vous. Vous devez veiller à cela.

Avant tout : équilibre et intelligence

Les prédictions scientifiques parlent des cycles de vie du virus et de leur déroulement. Cela sera-t-il réglé avant le 15 avril ou non, cela dépend si nous suivons les directives ou si nous nous lassons des précautions contre le virus et vaquons à nos activités habituelles, ce qui aurait un coût énorme. Quand la vie autour de vous est en crise, alors votre intelligence, votre santé physique, votre équilibre, votre sagesse, tout est extrêmement précieux. Lorsque nous sommes confrontés à des difficultés comme celles-ci, c'est le moment de se tourner vers l'intérieur.

Note de la rédaction : À l'heure où l'humanité est confrontée à un défi sans précédent, Sadhguru tous les jours sur YouTube et Facebook à partir du 23 mars, entre 18h et 18h40 (heure française).