Qu’est-ce que le divin féminin ?

Sadhguru: Ce que nous appelons féminin est un passage. C’est un accès. C’est une dimension de perspicacité et d’intuition. Établir, voir et rechercher le divin sous sa forme féminine est un processus universel que l’on retrouve aux quatre coins du monde. Chaque culture à un moment donné a eu un culte du divin féminin.

Bharat, est le seul endroit où le culte du divin féminin est encore un processus actif.

Lorsque des cultures très agressives, dogmatiques et patriarcales ont cherché à s’imposer dans le monde, elles se sont militarisées. Cette militarisation de ce qui aurait dû être au fond un processus intérieur a conduit à une situation où le divin féminin a été anéanti dans la plupart des régions du monde. Il existe toujours symboliquement presque partout. Mais cette terre, Bharat, est le seul endroit où le culte du divin féminin est encore un processus actif.

Divin féminin et écologie

Lorsque vous vénérez le masculin, il est tout naturel de lever les yeux vers le ciel. Le ciel est désigné comme le Dieu masculin. Lorsque vous vénérez le féminin, vous regardez inévitablement la planète sur laquelle vous existez. Ce n’est pas une coïncidence ni une conséquence de la linguistique si on parle de la mère pour évoquer la Terre et le sol. Il y a là une intelligence innée dans le fait de penser naturellement à la Terre comme à un élément féminin parce qu’elle produit la vie. Tout ce qui nous nourrit provient du sein de la Terre. C’est à partir de ce contexte et d’une expérience intérieure innée en chaque être humain que l’on pense à la Terre comme à un élément féminin.

La prise de conscience du divin féminin revêt une grande importance dans le monde d’aujourd’hui, où nous traversons différents niveaux de crise, notamment sur le plan écologique. À un tournant comme celui que nous vivons, où nos propres capacités, la science, la technologie et les entreprises détruisent la base même de notre vie, le divin féminin devient essentiel.

Les cultures qui considéraient la Terre comme une mère et lui vouaient un culte n’ont jamais causé trop de dommages à l’environnement qui les entourait. Cela n’est arrivé que lorsque les gens ont vu la conquête comme un mode de vie. Après avoir causé tous ces dégâts à la planète, la moitié de la population ne peut toujours pas s’alimenter correctement alors qu’il y a assez de nourriture sur la planète. Si le féminin était dominant, la population mangerait à coup sûr. La compassion, l’amour et l’esthétique domineraient, pas la conquête.

Trouver un équilibre

Si le féminin était le facteur le plus dominant ou s’il y avait au moins un certain équilibre, je ne pense pas qu’il y aurait de catastrophes écologiques, car le féminin et le culte de la Terre vont toujours de pair.

Si le féminin était dominant, la population mangerait à coup sûr. La compassion, l’amour et l’esthétique domineraient, pas la conquête.

Si le féminin trouvait une meilleure expression sur cette planète, peut-être que notre marché boursier n’atteindrait pas 20 000, mais les gens en général souriraient plus, seraient un peu plus heureux et plus aimants. La vie serait un peu plus belle, ce qui est au fond ce que nous voulons. Après tout, toutes ces choses ont été faites dans une quête du bien-être humain. On l’a oublié, car c’est la façon de faire du masculin, d’avancer dans une seule direction. Le féminin n’essaie d’aller nulle part, il est heureux là où il est. Voilà la grande différence. Si ces deux aspects sont équilibrés, alors nous pouvons aller quelque part tout en appréciant l’endroit où nous nous trouvons. C’est ce qui doit se produire dans le monde.

Il est important que chaque être humain comprenne que, si le divin peut être abordé comme un processus masculin, il existe également une manière féminine de l’envisager. Cela ne veut pas dire qu’il y a un Dieu homme et un Dieu femme, mais qu’il y a deux façons différentes de l’aborder en nous-mêmes. Nous pouvons l’aborder soit de manière patriarcale et masculine, soit de manière matriarcale et féminine. Il est nécessaire pour le bien-être de l’humanité que nous reconnaissions ces deux qualités en nous-mêmes.